50 ans après

Il y a 50 ans, le maire de Firminy tractait dans la rue pour réclamer l'autoroute

Audacieux ! Au mois de juin 1973, le maire de Firminy descend lui-même dans la rue, un dimanche soir, pour distribuer des tracts aux automobilistes prisonniers d'un gigantesque bouchon. Objectif : susciter l'adhésion du public pour réclamer le contournement autoroutier de la ville.

Image insolite que celle du maire et conseiller général de Firminy, Théo Vial-Massat, qui distribue lui-même les tracts aux automobilistes prisonniers de l'embouteillage dans sa ville. Photo archives La Tribune - Le Progrès

« À l'heure de l'embouteillage du soir, le maire de Firminy est descendu dans la rue pour qu'elle devienne autoroute ».

C'est en ces termes que La Tribune-Le Progrès rapporte l'initiative originale de Théo Vial-Massat, le dimanche 17 juin 1973, dans les rues de la ville de Firminy qu'il dirige depuis deux ans. Le maire et les élus de son conseil municipal tractent pour réclamer que soient entrepris dans les plus brefs délais les travaux de la traversée de Firminy par l'autoroute A47.

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Certains dimanche soir, au retour des week-ends campagnards en Haute-Loire, il fallait parfois plus d'une heure pour traverser la ville de Firminy, étouffée dans un flot ininterrompu de voitures. Photo archives La Tribune - Le Progrès

Près de 150 personnes accompagnaient le maire pour cette distribution de tracts insolite. Photo archives La Tribune - Le Progrès

Le prospectus pouvait être découpé et transformé en lettre à adresser au ministère pour réclamer la création d'une déviation. Photo archives La Tribune - Le Progrès

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2 kilomètres et 2,8 milliards de travaux

« Il reste à réaliser deux kilomètres entre la fin actuelle du tronçon Saint-Etienne/Firminy et la RN88 côté Haute-Loire. Deux mille mètres, pas davantage, mais qui, en partie souterrains, découvrent un devis de 2,8 milliards », explique notre reporter Raymond Rousset dans La Tribune-Le Progrès du lundi 18 juin 1973.

Le blocage est d'ordre financier : « Le gouvernement, qui avait prévu cette réalisation à la fin du VIe plan, ne pourra pas tenir sa promesse, attendu qu'il a refusé les crédits nécessaires d'abord en 1971, puis en 1972 et 1973, et ne donne pas la certitude qu'il les débloquera en 1974 », s'agace celui qui est maire mais aussi conseiller général de Firminy. Derrière lui, une pancarte résume le problème : « Exigez du gouvernement le déblocage des crédits pour l'autoroute ».

Une heure pour traverser la ville le dimanche soir

Au total, 10 000 tracts (pouvant être découpés pour adresser une lettre au ministère) ont été imprimés et distribués aux automobilistes, nombreux à croiser dans les artères de la ville au retour d'un week-end campagnard en Haute-Loire.

« Les dimanches soir, c'est intenable », s'agace une habitante du quartier Fayol, où vient de se constituer un comité de défense. « Pas question de traverser la rue qui est coupée en deux par les voitures. Vous imaginez le bruit et l'odeur des fumées crachées par tant de travaux d'échappement  ? »

Au retour des week-ends, le dimanche soir, « il faut plus d'une heure pour traverser la ville », confirme notre journaliste. « Firminy, célèbre par ses aciers et sa vogue des noix, est en passe de se faire une autre spécialité : son bouchon ».

Firminy, célèbre par ses aciers et sa vogue des noix, est en passe de se faire une autre spécialité : son bouchon. 

Raymond Rousset, journaliste, dans La Tribune - Le Progrès du lundi 18 juin 1973.

« Prendre les chemins buissonniers de la protestation »

Si le commissariat de police surveille la manifestation, aucun débordement n'est observé : « les distributeurs de tracts n'ont pas jeté de papiers dans la rue ni immobilisé les voitures qui l'étaient déjà, prises qu'elles étaient dans ce goulot de la rue que l'on rêve, ici, de faire autoroute souterraine ».

Mais du côté de la mairie, on affiche sa détermination : « S'il le faut, on pourrait aller embouteiller d'autres petites routes tranquilles du département qui sont prises par des personnalités importantes de la région », sourit Théo Vial-Massat. « Firminy va-t-elle, un de ces beaux dimanches de l'été, fuir en cortège sa rue dévorée par la voiture pour prendre les chemins buissonniers de la protestation ? », interroge le journaliste Raymond Rousset.

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En début d'année 1979, les travaux d'aménagement de la déviation de Firminy se terminent et permettront de libérer (partiellement) le centre-ville. Photo archives La Tribune - Le Progrès

Ce ne sera pas nécessaire. Dans les années qui suivent, les travaux de création de la déviation de Firminy seront lancés et mis en service en mai 1979.

Et notre déviation ?

DEVIATION DE LA RD 500 A FIRMINY

Historique du dossier

  • Années 1970  La nécessité d’une déviation du boulevard est devenue une évidence.
  • Années 1980  La déviation devient indispensable, aucune construction sur les terrains du futur tracé.
  • 17 Juin 1992  Inscription au POS de la commune du Chambon Feugerolles.
  • 1er Juillet 1998  Inscription au POS de la commune de Firminy.
  • 28 Juin 2001   Présentation en réunion publique du projet par les services de la DDT et par le conseil général en présence des maires des communes concernées et des conseillers généraux des 2 cantons. Le maire du Chambon Feugerolles défend le projet. Mise en service envisagée: 2005.
  • 21 et 25 juillet  2006  Arrêtés préfectoraux portant respectivement autorisation au titre de la loi sur l’eau et déclaration d’utilité publique.
  • 11 au 26 Octobre 2010 Enquête parcellaire sur les communes de Firminy et du Chambon Feugerolle concernant le dossier de la RD 500.
  • 8 Décembre 2010  Le Préfet vient annoncer à Firminy que les travaux du giratoire peuvent débuter et qu’il va proroger la DUP.
  • 13 Janvier 2011  Le Préfet proroge la DUP de 5 ans.
  • 11Avril 2011  L’association procède à un comptage de 5 heures à 21heures.
  • 16 Mai 2011  Le Maire de Firminy prend un arrêté interdisant la circulation des véhicules de plus de 7,5T.
  • 3 au 23 Mai et 16 au 22 Juin 2011   A la demande des élus la DDT procède à des comptages.
  • 3 Juillet 2011 Le Tribunal administratif de Lyon suspend l’arrêté d’interdiction de circulation des véhicules de plus de 7,5T.
  • Septembre 2011  Désignation de l’entreprise pour les travaux du giratoire du Bas de la Côte et l’ordre de préparer les travaux est signé.
  • 24 Avril 2012  La cour administrative d’appel de Lyon annule l’arrêté 25 juillet 2006 déclarant d’utilité publique.
  • 29 Mai 2015 Réunion en Mairie de St Just Malmont avec les décideurs économiques, les Présidents CD 42 et 43 et des élus des 2 départements. Nécessité impérieuse de réaliser la déviation du bd Fayol
  • 2016/2017 Cabinet parisien PW2C conclut son expertise : On va l’appeler  Boulevard Urbain dans le Vallon de l’Echapre.à la place de déviation.
  • 7 Avril 2017 Annonce officielle : On lance la construction du Boulevard Urbain.
  • 2017 PPRM Le plan de prévention minier n’empêche pas la construction de l’ouvrage
  • 7 Juin 2019 Au Chambon Feugerolles en présence du Président de Région, du Président CD42 et des Maires annonce officielle on lance l’affaire.
  • 10 Juillet 2019 Courrier aux habitants de Firminy : C’est parti, on lance les études pour que les travaux débutent le plus rapidement possible.
  • 5 Janvier 2021 Le Progrès : <<Il s’agit d’un processus réglementaire qui va durer plusieurs années avant la réalisation des travaux >> assure Frank Bouchery directeur des projets d’aménagement d’infrastructure au CD 42.  

Et nous ?

Boulevard Fayol attend depuis 50 ans. Les Présidents du Conseil Général maintenant départemental  ainsi que les conseillers se sont succédés, certains pour plusieurs mandats, sans que le dossier aboutisse. Tous ont fait preuve d’empathie, pour quel résultat aujourd’hui !

Alors patience, on fêtera bientôt les 60 ans du dossier.

Date de dernière mise à jour : 11/06/2023

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